Bienvenue chez Cédric Grolet, à Paris

La première chose à savoir lorsqu’on arrive chez Cédric Grolet, entre les murs d’un bel immeuble typiquement parisien, c’est qu’il faut… se déchausser ! Et pour cause, nous sommes dans un cocon aux nuances immaculées où les matériaux sont rois. Au sol, le parquet et le marbre brésilien Patagonia conversent avec style ; la matière, et plus particulièrement le laiton constituent le fil rouge de cet appartement — « lorsque j’en ai pensé le décor avec l'architecte Annabelle Dumas, j’ai voulu jouer sur les codes du laiton que l’on retrouve à la fois par touches au sol, sur la cheminée, sur les piétements de canapés mais aussi jusqu’aux boutons et poignées de meubles chinés dans des brocantes », sourit-il.

La nouvelle vie d’un appartement parisien

Quand Cédric Grolet pénètre dans cet intérieur pour la première fois, il y a deux ans, le constat est sans appel. Avec Annabelle Dumas, il vont en repenser la totalité, un long couloir cloisonnant l’espace. « Nous avons dû tout désosser » confie le chef, pour qui il était primordial de créer une pièce à vivre lumineuse, synonyme de convivialité. Entièrement ouverte sur le salon, la cuisine est d’emblée le poumon de l’appartement — « c’est une pièce à laquelle j’ai accordé beaucoup de temps et d’attention » nous explique le chef pâtissier, évoquant à quel point l’art de recevoir et le partage lui sont des valeurs chères. « Enfant, ma mère passait beaucoup de temps en cuisine et mon père était au salon, nous étions rarement ensemble, réunis en famille. Si je cuisine chez moi, je veux que ce soit aux côtés de mes proches et de mes amis » confie Cédric Grolet, évoquant son immense table en marbre entourée de dix places assises. Conçu par le designer Rémi Tessier, l’architecte qui a réalisé le décor de sa boutique londonienne, le canapé en laine bouclée révèle des courbes sculpturales côté salon et, surtout, il est modulable à l’envi que l’on s’installe côté rétro projecteur pour une séance de cinéma grandeur nature ou face à la cheminée, dénichée dans une brocante lilloise — « Elle était décomposée en mille morceaux, le laiton était abîmé et noirci, il a fallu l’assembler de nouveau afin qu’elle retrouve sa superbe », raconte Cédric Grolet, fasciné par le travail artisanal, autant autant à l’œuvre dans l’art et l’architecture que dans la pâtisserie.

Quand artisanat et architecture riment avec pâtisserie

« J’adore le travail artisanal, il ressemble à mon métier, à la création d’une pâtisserie façonnée à la main », poursuit Cédric Grolet qui confie avoir toujours perçu des ponts entre la gastronomie et l’architecture, essayant de transposer le cœur de son propre métier à celui d’un décor.

Il explique ce contraste entre deux univers qui le passionnent : « Certaines de mes pâtisseries durent dans le temps tandis que d’autres ont une durée de vie plus limitée, elles se patinent, s’effritent, durent deux ou trois minutes avant qu’on les déguste, contrairement à l’architecture, qui est intemporelle. » Et l’on sent assurément cet affect pour l’artisanat d’art et le décor intérieur à travers la restauration de cet espace parisien dont l’architecte a conservé les poutres apparentes, aussi bien au sol qu’au plafond, tandis qu’une structure métallique de style Eiffel vient rythmer l’espace entre le salon et la salle à manger. Rien n’est laissé au hasard et tout est clin d’œil à l’Histoire.

Un intérieur ponctué de souvenirs

Mais l’appartement de Cédric Grolet est aussi le reflet de ses pérégrinations à travers le monde, un condensé de ses voyages de l’Asie au Maroc — et une source d’inspiration en termes de décoration d’intérieur. « J’avais envie de ramener un souvenir de chaque endroit où je voyage » explique t-il, nous montrant de grandes jarres en lave émaillées ramenées de Marrakech (où il range les babouches destinées à ses invités), une statuette balinaise ou encore une magistrale porte marocaine en bois brut évoquant les ruelles solaires de la médina et ses riads traditionnels. Dans la chambre principale, la Grèce et les falaises immaculées de Santorin semblent avoir nourri la réflexion créative. Derrière un lit à baldaquin où les niches creusées à même le mur font office de chevets, la baignoire est reine. Elle-même est accolée à un mur de pierres apparentes orné de niches décoratives, entre camaïeux de nuances sables et objets fétiches. « Lorsqu’on se sent bien chez soi, on ne peut être que meilleur dans son travail, sa vie personnelle et familiale » conclut Cédric Grolet, fermant la porte du refuge où il recharge ses batteries. Pari réussi.